François Biltgen insiste sur l'importance de la participation aux élections sociales

Le Jeudi: Votre appréciation de l'évolution du marché de l'emploi...

François Biltgen: Le chômage au Luxembourg est de nature cyclique. Déjà en 1998, avant l'élaboration du Plan d'action national en faveur de l'emploi (PAN), on assistait à la hausse du nombre de demandeurs d'emploi. A travers le PAN, on a réussi à réduire le taux de chômage à 2,6%. Mais depuis 2002, il est de nouveau en nette hausse. Une partie en est certainement du chômage frictionnel. De nombreux demandeurs retrouvent un nouvel emploi dans un délai de six mois. Il n'y a donc pas beaucoup de chômage de longue durée. Or, on est en présence de plus en plus de jeunes à la recherche d'un emploi.

Le Jeudi: Quelles sont les mesures dans le domaine de la formation?

François Biltgen: Il faut promouvoir la mobilité des emplois. La formation continue joue, dans ce contexte, un rôle très important. On coordonne nos efforts avec le ministère de l'Education nationale et les chambres professionnelles. Une autre mesure vise à rapprocher davantage les systèmes d'orientation scolaire et professionnelle.

Le Jeudi: Quel est l'enjeu des élections sociales?

François Biltgen: C'est la participation au scrutin qui est primordiale. C'est une forme de démocratie sociale qu'il faut à tout prix préserver. C'est également un moyen d'influencer les décisions politiques car les chambres professionnelles ont leur mot à dire dans l'élaboration des lois. J'insiste, par ailleurs, sur le fait que les frontaliers – qui représentent une partie importante de la main-d œuvre du pays – peuvent et devraient participer au scrutin.

Le Jeudi: Votre avis sur les fusions syndicales...

François Biltgen: Elles sont souhaitables. Je ne m'y oppose pas du tout. Je veux des syndicats forts, jouissant de la représentativité nationale. Toute scission est contre-productive. Le projet de loi sur la représentativité syndicale va dans ce sens. Si les centrales remplissent les critères, je ne vois pas de problème. Je rappelle qu'il suffit d'obtenir 20% du scrutin auprès des chambres professionnelles salariales (avec un minimum de 15% auprès de chacune des deux) pour être représentatif au niveau national.

Le Jeudi: La nouvelle loi sur les conventions collectives: quels autres accents?

François Biltgen: Ils sont nombreux. Je citerai notamment le vote majoritaire nécessaire à la signature des conventions collectives. J'ai aussi proposé de jeter une base légale pour la signature d'accords intersectoriels, dans le domaine du télétravail par exemple. Une autre priorité est la réforme de l'Office national de conciliation. Il recevra plus de compétences.

Le Jeudi: L'lnspection du travail et des mines (ITM) sera également réformée...

François Biltgen: Les partenaires sociaux sont invités à y jouer un rôle plus interactif. On propose la création d;un Observatoire des relations professionnelles et de l'emploi (ORPE). Il aura comme objectif de surveiller l'évolution du marché et de fixer les compétences de I'ITM. Nous proposons aussi la mise en place d'inspecteurs du travail effectuant les contrôles sur le terrain. Nous adoptons, par ailleurs, une approche pro-active. Les plans de sécurité seront ainsi élaborés avec les entreprises... Quant aux sanctions, elles doivent être plus efficaces, plus rapides sans pour autant entraver les possibilités de recours. Finalement, le projet vise l'instauration de la médiation. Elle se composera de trois représentants: un patronal, un syndical et un de I'ITM. Le but est d'éviter les procès entre salariés et employeurs.

 Le Jeudi: Quelles catégories de travailleurs la loi antidiscriminatoire est-elle censée protéger?

 François Biltgen: Elle est censée protéger les travailleurs âgés, les handicapés, les membres d'une autre origine, les femmes, les personnes affichant une orientation sexuelle différente... Un premier pas a été franchi avec l'abolition de la limite d'âge pour l'embauche auprès de l'Etat.

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