Table ronde "Safe Start": Quelles mesures préventives pour diminuer les accidents auprès des jeunes travailleurs? Quelles sont les responsabilités du système scolaire et post-scolaire, des employeurs et des jeunes travailleurs?

Réunis autour de spécialistes comme Paul Weber de l’Inspection du travail et des mines, Georges Wagner de l’Association d’assurance contre les accidents, le docteur Carlo Steffes de la Division de la santé au travail, Georges Metz du Service national de la jeunesse, Jean-Luc de Matteis de la section jeunes de l’OGBL, Joël Rameisl de la section jeunes du LCGB, Romain Kieffer du ministère de l’Education nationale, Romain Bruck de l’entreprise Kuhn, Luc Loschetter de Cargolux et Bruno Renders de l’Institut de formation sectoriel du bâtiment, le ministre de la Santé, Mars di Bartolomeo, et le ministre du Travail et de l’Emploi François Biltgen assistaient jeudi soir à la table ronde "Safe Start" dans le cadre de la 20e foire de l’étudiant dans les locaux de Luxexpo au Kirchberg.

Animée par le journaliste Maurice Molitor, les participants se sont interrogés sur les mesures préventives à prendre afin de diminuer les accidents auprès des jeunes travailleurs et sur les responsabilités du système scolaire et post-scolaire, des employeurs et des jeunes travailleurs dans le nombre important d’accidents du travail chez les jeunes de moins de 25 ans.

Selon des chiffres présentés par Georges Wagner, 4.694 accidents dans les établissements scolaires, dont 371 accidents de trajet ont été reconnus en 2005. 3.533 jeunes travailleurs de moins de 25 ans ont été victimes d’un accident du travail l’année dernière. Le taux de fréquence des jeunes accidentés de moins de 25 ans est de 64% supérieur par rapport à tous les accidents des salariés, et pour les seuls accidents de trajet, elle dépasse de 96% la moyenne des salariés accidentés!

Donnée encourageante, aucun jeune travailleur n'est décédé dans un accident du travail l'an dernier au Grand-Duché de Luxembourg.

Mais les chiffres montrent aussi une forte proportion d'accidents de trajet chez les jeunes, jugée "inquiétante" par Georges Wagner. Il a en effet révélé que près de 21% des accidents de travail chez les jeunes de moins de 25 ans s'étaient produits à bord d'un véhicule et 29 % alors qu'ils conduisaient ou se trouvaient à bord d'un moyen de transport ou d'un équipement de manutention, un taux largement supérieur aux autres tranches d'âge.

En Europe, le risque pour les jeunes de subir un accident du travail est 50 % plus élevé que pour les autres groupes de travailleurs. Quelque 700 000 jeunes âgés de 18 à 25 ans sont chaque année victimes d'un accident du travail.

Pour le ministre de la Santé, Mars Di Bartolomeo, qui ouvrait cette table ronde, il faut donner les bonnes clés aux jeunes afin de faciliter leur entrée dans le monde du travail. "Cela nous évitera de courir après le train pour réparer les dégâts" ajoutait-il.

"Si les jeunes sont particulièrement exposés aux risques d'accidents du travail, c'est parce que par nature, ils sont moins expérimentés" a constaté, pour sa part, Paul Weber de l'Inspection du travail et des mines avant de pointer du doigt l'approche trop théorique des jeunes au sortir de l'école.

"Plus de personnes meurent suite aux conséquences du travail que dans les conflits armés réunis!" a-t-il poursuivi révélant au passage qu’au niveau planétaire, chaque jour 6 000 personnes mouraient dans un accident du travail ou d'une maladie liée au travail, soit une victime toutes les 15 secondes.

Pourtant des exemples concrets de bonne pratique existent au Luxembourg.

Notamment au sein de Cargolux où Luc Loschetter a expliqué que les jeunes travailleurs embauchés étaient systématiquement encadrés par du personnel expérimenté. Pour Romain Bruck de l’entreprise Kuhn, en revanche, il faut davantage insister sur la responsabilisation des jeunes. Que ce soit par le biais de l’école, "mais aussi à la maison".

Même analyse de Joël Rameisl de la section jeunes du LCGB qui a estimé qu'il fallait sensibiliser les jeunes aux risques liés aux accidents du travail dès l'école. Il a été rejoint sur la question par son homologue de l'OGBL, Jean-Luc de Matteis pour qui "la responsabilité incombe autant aux jeunes qu'aux entreprises".

Bruno Renders, de l'Institut de formation sectoriel du bâtiment a pointé du doigt "le grand fossé" qui existe entre le monde de l'entreprise et l'école. "Il faut organiser des passerelles entre l'entreprise et l'école. L'entreprise doit davantage rentrer à l'école et vice-versa" a-t-il plaidé.

A l’inverse, Romain Kieffer du ministère de l’Education nationale a soutenu que "l’école ne doit pas se substituer au monde du travail".

De son côté, le docteur Carlo Steffes a présenté une enquête de la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail de Dublin à laquelle 1 000 travailleurs luxembourgeois ont participé. Celle-ci démontre que les jeunes travailleurs sont davantage que la moyenne générale exposés au bruit, aux gestes répétitifs, aux cumuls de contraintes de postures pénibles et à au moins un produit cancérigène sur leur poste de travail.

Pour conclure cette table ronde "Safe Start", le ministre du Travail et de l’Emploi, François Biltgen, a mis l'accent sur le rôle des entreprises afin de réduire les accidents du travail chez les jeunes. «A ce titre, la nouvelle loi sur le travail donnera plus de responsabilités au tuteur» a-t-il conclu en espérant que cette table ronde serait suivie d'actions concrètes.

Le ministre a ensuite remis un prix à six organismes (deux entreprises, trois centres de formation et une école) pour leurs actions mises en place pour promouvoir la sécurité au travail. Les lauréats sont: le Centre de formation pour conducteurs, les entreprises Del Col SA et Vossloh infrastructure services Luxembourg, le Centre de formation Arcelor de Differdange, l’Institut de formation sectoriel du bâtiment et le Lycée technique hôtelier Alexis-Heck.

(communiqué par l’Inspection du travail et des mines)

Dernière mise à jour